La grande transformation

From Karl Polanyi
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[59] Nulle part la philosophie libérale n’a connu d’échec plus éclatant que dans son incompréhension du problème du changement. On croyait à la spontanéité. On y croyait jusqu’à la sensiblerie et, pour juger du changement, on cessait de s’en rapporter au bon sens ; avec un empressement mystique, on se résignait aux conséquences de l’amélioration économique, si grave qu’elles pussent être.

[…]

[70] La conclusion, bien que singulière, est inévitable, car la fin recherchée ne serait atteinte à moins ; il est évident que la dislocation provoquée par un pareil dispositif [la production industrielle] doit briser les relations humaines et menacer d’anéantir l’habitat naturel de l’homme.

[…]

[170] Ce fait n’était évident à une époque où l’emploi lui-même était, en règle générale, invisible, comme c’était nécessairement le cas, jusqu’à un certain point, dans l’industrie à domicile.

[…]

[188] Rien d’extraordinaire si le libéralisme économique s’est transformé en une religion séculière dès que les grands périls de cette aventure sont devenus évidents.

[…]

[267] Nous avons invoqué ce que nous pensons être les trois faits constitutifs de la conscience de l’Homme occidental : la conscience de la mort, la conscience de la liberté et la conscience de la société. La première, selon la légende juive, a été révélée dans l’histoire de l’Ancien Testament. La seconde a été révélée au travers de la découverte de l’unicité de la personne dans les enseignements de Jésus, comme ce fut consigné dans le Nouveau Testament. La troisième révélation nous est venue dans le fait de vivre dans une société industrielle. Il n’y a pas de grand nom qui s’y rattache ; peut-être Robert Owen s’en approcha assez pour en devenir son porte-voix. C’est l’élément constitutif de la conscience de l’Homme moderne.

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