A Michael (Entre juillet 1937 et septembre 1939)

From Karl Polanyi
Jump to navigation Jump to search

Kingsview, Kingsdom, Sevenoaks, Kent

Mon cher Misi,

Quelques mots pour appuyer ma méfiance à l’égard de la théorie de la crise de Keynes (que, d'ailleurs, j’aimerais encore apprendre à mieux comprendre).

L'économie théorique est une science formelle, une théorie du choix - une "logique" du choix entre différents moyens limités. Le problème méthodologique de l'économie en tant que science concrète[1] de la production et de la distribution de biens matériels et de services est : comment est-il possible d'appliquer cette logique à ce sujet ? Surtout dans le domaine de "notre système économique actuel", que nous appelons à juste titre l'économie d'échanges ou économie de marché ? Je pense que nous sommes d'accord sur ce point.

La découverte de l'économie en tant que théorie du "choix" (plutôt que des choses elles-mêmes) était le grand apport de Menger, comme il l'a fait dans ses Fondements[2]. Que l’échange puisse être déduit de la loi du choix[3] était le contenu principal des réalisations de Menger et Wieser. Böhm-Bawerk a essayé, avec l'empirisme du titan qui tâtonne, de traiter l’ensemble de l’économie nationale de ce point de vue. Méthodiquement, Schumpeter a d’abord tenté de traiter l’économie comme une catallactique, c'est-à-dire en tant que science de l'échange, le nom par lequel Mises appelle l'économie (nationale). Pour Schumpeter lui-même, la théorie de l'équilibre et la catallactique sont en concurrence - mais les fondements de l'un et l'autre ne sont pas identiques.

Le problème du taux d'intérêt n'est toujours pas résolu. Il n'y a aucune explication satisfaisante expliquant comment il est possible que la possession de certains biens soit la source de revenus, c'est-à-dire un flux constant de biens disponibles. Böhm-Bawerk a étudié toutes les théories proposées dans le passé qui expliquaient l'intérêt (ce que n'a pas fait J.M. Keynes), sans que ce soit bien plus clair. Schumpeter a déclaré le problème statistiquement insoluble et a mis en place une théorie dynamique des intérêts. Il nie que l'intérêt soit possible en tant que revenu statique. Cela est dû à son adhésion à la théorie de l’attribution - la réalisation de Wieser, sans laquelle on ne comprend pas le nœud théorique du problème de l’intérêt.

Passons maintenant à la désignation de l'intérêt comme agios des biens présents par rapport aux biens futurs. (Voir ici les "digressions" de Böhm-Bawerk dans lesquelles il défend sa théorie contre Wicksell, Fisher et d'autres).

L’objection de base est le manque de clarté dans l’utilisation des concepts théoriques de base lorsque, par exemple, d’intérêt comme le prix à partir duquel l’investissement est échangé en tant qu’échange. Pas comme si de telles désignations pouvaient se voir refuser une autorisation. Pas du tout. J.B. Clark hat in seinem großartigen “Distribution of Wealth”[4] gezeigt, mit welchem Erfolg die Vorstellung des Preises verallgemeinert werden kann. Das heißt aber noch lange nicht dass z.B. auch eine Theorie des Geldzinses diese Begriffe verwenden darf. Denn Geldwirtschaft ist eine Ableitung aus der theoretischen Nationalökonomiebei der gewisse Voraussetzungen gemacht werden, und die Frage ist berechtigt, ob diese Voraussetzungen nicht im Widerspruch zu den weiteren Voraussetzungen steh[e]n, die man bei der Erklärung des Geldzinses macht.

En d'autres termes : die Grundbegriffe der theoretischen Nationalökonomie können nicht ohne Weiteres auf die Geldwirtschaft übertragen werden. Denn die Geldwirtschaft muss selbst erst abgeleitet werden wobei eine gewisse Anordnung angenommen wird. Die methodische Schwäche Keynes’ liegt darin, dass er sich dieser Schwierigkeit nicht bewusst ist. Er verwendet die Nationalökonomie gegen sie selbst ohne erst zu fragen, unter welchen Voraussetzungen ihre Prämissen gelten.

Un exemple : Nur in der Geldwirtschaft gibt es Angebot und Nachfrage (die Rückübertragung dieses Begriffspaar in eine naturale Tauschwirtschaft ist gekünstelt und jedenfalls wissenschaftlich ergebnislos.) Kann nun „Angebot“ und „nachfrage“ ohne weiteres auf den Geldmarkt angewendet werden? Nein, nicht ohne dich erst derjenigen Prämissen bewusst zu werden, die der Konstruktion Geldwirtschaft unterliegen. Sonst lauft man Gefahr, eine Untersuchung über die Natur des Geldes mit Hilfe von Begriffen anzustellen, die bereits stillschweigend eine Theorie über diesen gleichen Gegenstand enthalten. Auch dies kann natürlich angezeigt sein, solange man sich nur dieser Schwierigkeit inne bleibt. Aber selbst der Schatten einer Unklarheit über das Wesen der Grundbegriffe muss auf diesem Gebiet verhängnisvoll werden.

Im Lichte dieser methodischen Bedenken werden Dir vielleicht auch die Bemerkungen, die ich seinerzeit über Keynes’ Buch machte mehr Eindruck machen als damals.

Ich möchte einmal gerne erfahren, wie Du eigentlich über all diese Dinge denkst.

Notes

  1. Sachwissenschaft.
  2. “Grundsätze” [der Volkswirtschaftslehre] et non “Grundlagen”. Polanyi ne doit pas avoir le livre sous la main quand il écrit cette lettre.
  3. Walhandlung
  4. 1899.

Informations sur la lettre

Src : MPP 17/03 (4 pages tapées, avec des corrections à la main dans les marges)
Autres langues :

Lg Nom
DE An Michael (Zwischen Juli 1937 und September 1939)
EN To Michael (Between July 1937 and September 1939)